Mais qu’est-ce que ça me fait à moi cette beauté et toute cette laideur ?
Une recherche théâtrale sur l’« esthétique » et la rédaction
d’un texte pour la scène : Celle qui n’était pas encore
Acteur, conception artistique et écriture : Vincent Coppey
Actrice et collaboration artistique: Emilie Vaudou
Collaboratrice artistique, direction d’acteurs et assistante : Piera Bellato
Collaboratrice artistique et dramaturge : Christine-Laure Hirsig
Scénographie et vidéo : Sébastien Sidaner
Musique et univers sonore : Fernando de Miguel
Danse et échauffements : Pauline Huguet
Documentation : Maurane Zaugg
Administration : Anahide Ohannessian
Bien que la rédaction de Celle qui n’était pas encore a commencé il y a plusieurs années, les impulsions pour inscrire ce travail dans un projet de transformation sont, bien sûr, récentes. Il me paraît pertinent, dans un moment où la situation sanitaire impose un blocage général des activité théâtrales quand à leur rapport avec tous ceux qui vont au théâtre et qui aiment y aller, d’investir ces champs de réflexion, d’en tirer des conséquences quand à mon propre travail dans le théâtre et à mes propres tentatives et aspirations depuis la fondation de la Cie Fatum, en 2004.
Lors d’un séjour à Bruxelles, il y quelques années, je me suis engagé dans la rédaction d’un texte qui s’est progressivement développé à partir des souvenirs d’un voyage dans le centre de l’Italie, en Ombrie, effectué des années auparavant.
Dans cette histoire, sont convoquées tout un ensemble de perceptions, d’impressions auditives, visuelles, d’appréhensions, de mystères esthétiques qui sont comme des intrigues susceptibles de révéler le sens de l’attraction entre un homme et une femme. Pour une grande part, ce sens se situe dans ce qui leur a échappé ou dans des éléments extérieurs à leur volonté (nature, circonstances du voyage, échec du but fixé) que seul la mise en récit et la scène peut rendre compte. Ce sens est une somme d’impressions partagées et d’expériences esthétiques que le hasard a « mis » sur leur chemin. Une position critique s’est alors imposée : je veux montrer le récit d’une expérience – amoureuse, en l’occurrence – qui échappe aux marchés. Un récit dans lequel les impressions reçues, l’échange affectif mais aussi la colère, l’incompréhension mutuelle, l’attente contrariée ou le désir, ne se réduisent pas à des échanges contractuels de vente et d’achat. Cette position m’a amené à un questionnement sur l’écriture épique, sur l’épopée. En effet, la célébration est le moteur de l’écriture épique. Or, dans la société contractuelle qui est la notre, qu’est-ce qui vaut la peine d’être célébré aujourd’hui, qui relèverait d’une expérience humaine moins superficielle que celle qui consiste en notre vie dans un téléphone portable ?
En fabrication
Résidence
à la Nouvelle Comédie de Genève
7 – 25 juin 2021
Improvisation
10 juin 2021
Lire le texte d’une séquence
Lâcher le texte. Inventer les mouvements de la séquence
Refaire et élaguer la boucle
Processus
Improvisation
11 juin 2021
Contrainte: une peinture et un extrait choisis
Improvisation de mouvements
Improvisation
12 juin 2021
Contrainte: une peinture et un extrait choisis
Proposition scénographique et sonore
Visionnage
Improvisation de mouvements par-dessus
Chorégraphie
17 juin 2021
Boucle 1
18 juin 2021
Lire le texte d’une séquence
Lâcher le texte. Inventer les mouvements de la séquence
Refaire et élaguer la boucle
Boucle 2
18 juin 2021
Dissociation: le texte et les mouvements sont travaillés séparément.
Chorégraphie à deux, sans texte
Chacun rejoue les mouvements de la boucle, seul
La boucle est rejouée à deux en conservant chacun son propre rythme
Notes sur les distinctions
de Jean-Marie Schaeffer
Dimanche 29 avril 2018
« La vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe, le mouvoir, le parler nous induisent de temps à autre à nous attarder dans les impressions qu’ils nous causent, à les conserver ou à les renouveler. […] Dans cet ordre, la satisfaction fait renaitre le besoin, la réponse régénère la demande, la présence engendre l’absence, et la possession le désir. »
Paul Valérie, L’infini esthétique.
Esthétique – est une relation attentionnelle.
Artistique – est un faire.
Dans le premier, nous adaptons nos représentations au monde ; alors que dans le second, nous adaptons le monde à nos représentations.
Lundi 30 avril 2018
« Erlebnis »
Expérience en tant que ponctuelle//Subjective. Ou vécu subjectif procurant satisfaction//Erlebnis esthétique, selon Heidegger, forme de dégénérescence de l’œuvre d’art//Mais quand est-il d’une majeur partie de ce que nous voyons aujourd’hui ?
VS
« Erfahrung »
Expérience en tant que chemin vers la vérité / Somme / Mise en lumière d’un sens / Contenu de vérité / L’Erfahrung esthétique, grandeur de l’œuvre d’art, selon Heidegger ou Hegel ou Kant.
Mardi 1er mai 2018
Jean-Marie Schaeffer, dans une analyse sur l’état actuel des réceptions de l’art dans le monde globalisé – critique et public – me conforte dans mes intuitions à monter mon texte sur l’écriture épique. L’épique est une forme d’art – catégorie de récit – ancien, fondateur et plus généralement, célébrant toutes sortes d’objets et, peut-être, avant tout, la possibilité d’une expérience dite « esthétique ». Le projet tourne autour d’une interrogation sur le lien entre une expérience vécue – Erfahrung – et une mise en forme qui aurait quelque chose à voir avec celle-là.